Le Buto

Le mot Buto (Bu: la danse, To: fouler le sol) a une origine très ancienne, tant rituelle (Shintoîste) que populaire, pour communiquer avec la terre, les ténèbres. C'est un appel aux forces de l'au delà.
Que ce soit dans le temple ou dans la fête populaire, le spectacle érait le lieu intermédiaire entre l'ici et l'audelà, et le "Gorgyio", l'âme des ancêtres, prenait possession du corps des acteurs.
Les fondateurs du Buto, Tatsuli Hijikata, Kazu Ohno dans le japon des années 60, se sont inspirés de cette origine.
Ce mouvement a été une réaction violente à la domination de la logique et à la suppression de la mémoire du corps. Le Buto s'est crée avec ceux qui avaient appris les danses occidentales et dont ils ont voulu dépasser l'acquis en créant un style qui leur soit propre. Des penseurs européens tels que Genêt, Bataille, Artaud ont influencé sa naissance.
Au théatre Nô, les morts ressurgissent et racontent le drame vécu du temps de leur vivant.
Le Buto s'oppose à un certain jeu psychologique de l'acteur. Le corps du danseur Buto, par l'expérience du corps vidé de sa "personne" peut vivre le caché, la mémoire ancestrale. Sumako Koséki

C'est une danse qui relie la Mort à la Vie, un passage perpétuel du Néant à la Vie et de la Vie au Néant. La métamorphose de ces états est retranscrite par une lenteur extrème des mouvements, des vibrations internes, crispation organiques, un dépouillement total de la Forme, du Formel, pour ariver à l'Etre profond.
Le Buto laisse s'incarner ceux qui ne sont plus en ceux qui sont encore. C'est une invitation au spectateur à vivre dans sa propre chair le monde intérieur du danseur.

Ecoute de la peau , écoute des os
Notre part d'ombre- regarder-
Fragilité-être à l'intérieur de cette zone fragile
ça se dérobe, ça se brise; j'utilise ces brisures, ces tremblements,
ces interstices, c'est là qu'est l'ouverture, la chose nouvelle, dans l'incertitude
Matière - éphémère - vivante
Biétrix Schenk

BUTO english / german

 
 

Introduction à "Butô(s)" CNRS Editions, par Odette Aslan

Nourri des avant-gardes européennes des années vingt et cinquante du siècle dernier, au carrefour des arts plastiques, de la littérature, de la danse et du théâtre, le butô est un mouvement pionnier fondé par HIJIKATA Tatsumi et qui bénéficia de la collaboration d'ÔNO Kazuo. Cette danse " du corps obscur ", imprégnée de bouddhisme et de croyances shintô, est plus proche de la performance que d'une chorégraphie occidentale, mais, en explorant le corps japonais, elle retrouve des archétypes universels. Née au Japon dans les remous socio-politiques des années soixante et fruit d'une rébellion, elle oblige l'interprète à repenser ses actions corporelles, sa relation au cosmos, son être-au-monde. Elle atteint profondément le spectateur et lui propose une philosophie de vie. Mais elle est difficilement saisissable. Chaque artiste invente " son " butô. D'où notre titre: Butô(s).

autres articles: Le théâtre japonais sous le regard de l'occident,
Un mythe pour le Butô
, La création d'une étrange nouvelle danse par Béatrice Picon-Vallin
Ateliers "Sensibilisation au Buto"

 
 

 

Le Buto aujourd'hui : E. Béranger, (Responsable du centre Mandapa -Paris)
écrit : "Pour avoir été à l'écoute du Buto depuis si longtemps, je sens que l'on est
en ce moment même à un franchissement d'étape: tout est ouvert, tout est possible.
Le risque est grand, donc passionnant ...."