"Le langage des corps" par Arnaud Peuch

" ... à l'entrepôt de la Front-Pinot, des corps habillés de rêves communiquaient avec des âmes émerveillées" : "Les Chants brûlés des Ombres" de Biétrix Schenk

" ... On n'insistera jamais assez sur la vanité des mots, dès qu'il s'agit d'exprimer le sensible, l'expérience vécue, la transcendance. Les corps, eux, n'expliquent rien, ne commentent pas, ne conceptualisent guère. Ils se contentent de vivre, de se manifester dans l'instant et nous parlent pourtant.

Chez B.Schenk, par exemple, l'expression se situe en deçà du contenu narratif ...

Une sorte de danse méditative qui s'inspire des traditions japonaises (suriashi) et du buto. Les artistes avaient fait le déplacement vendredi à Limoges, pour y donner dans le cadre d'Artooz une représentation unique, brève et intense.

Que restituer si ce n'est l'extraordinaire sensibilité qui se dégageait de ces visages de femmes marbrées et de ces voix profondes ?

Que raconter si ce n'est l'évocation de la naissance, de la mort, de l'errance des âmes et de la renaissance ?

Que comprendre si ce n'est cette folle tentative de"glisser à travers le temps", d'obtenir l'équilibre parfait dans un sentiment quasi-religieux ?

Ce fut ainsi, une parenthèse dans le temps, capable de nous faire tout oublier, sauf peut-être le fait que nous sommes sensible et donc vivants."

paru le 30.3.98 dans l'Echo du Centre

Peut-on appeler un travail la collaboration véritablement exceptionnelle entre trois artistes tels que Yves Henri, Françoise I. Chapuis, et Biétrix Schenk qui ont remodelé l'espace culturel andré-Malraux pour soulever un coin de voile sur des émotions authentiques comme venues de la nuit des temps.

En tout premier lieu, saluons les extraordinaires vibrations transmises par B.Schenk qui, bien au-delà de la recherche chorégraphique qu'elle mène à Lyon, a étée l'incarnation de ces forces qui se lient et s'enlacent dans l'art du "Buto", véritable communion avec la nature.

Profondeur de la douleur d'une naissance dans la poudre de marbre au son des prières tibétaines à la fois millénaires et actuelles, forces de la vie qui lutte toujours, oppression de la mort qui torture ... En fait, des messages presque sublimaux qui vous accrochent "la tête et les tripes" ...

sentiment d'éphémère aussi en sachant que B.Schenk, qui a su marier beauté et douleur conformément à la pensée de RM Rilke,"le beau n'est rien d'autre que le commencement du terrible", ne se sera produite que pour la soierée d'une inauguration." Le Progrès 9.10.90

. Liste spectacles